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Je m’adresse à la part de légèreté et de poésie présente en chacun d’entre nous


Interview d’Estera Tajber, artiste


Pourriez-vous nous raconter votre parcours personnel et artistique ?


Je suis née à Cracovie et me suis installée en France en 2000. J’ai une double culture : j’ai grandi dans la Pologne des années 1980-1990, avec une formation à l’École d’art de Cracovie très exigeante, qui a été une remarquable base à une liberté d’expression artistique développée ensuite en France. C’est aux Beaux-Arts de Paris que j’ai créé mes premières performances et installations vidéo, avant de me perfectionner dans le design graphique et la maroquinerie.


Dans mes premières performances, conçues avec des projections vidéo, j’ai créé un personnage serpentin en ombres chinoises qui guide le spectateur mêlant les gestes quotidiens et intimes à une chorégraphie rock. Mes performances et installations vidéo ont été exposées – entre autres institutions du monde des arts et de la culture – au Centre Georges Pompidou ou encore au Palais de Tokyo.


Parallèlement à mon activité artistique, je déploie mon savoir-faire dans l’image et la communication. J’ai cofondé et étais la directrice artistique et de la communication de la galerie d’art parisienne Progress Gallery, puis j’ai été la correspondante et collaboratrice du magazine Flash Art International.


Aux côtés du renommé « artisan de l’affiche » Michal Batory, j’ai participé à la conception et à la mise en œuvre de nombreux projets de communication visuelle pour des institutions culturelles comme le Théâtre des Champs Elysées, le Palais de la Découverte, le Musée du Palais Royal de Łazienki.


J’ai été conseillère artistique du réalisateur et historien d’art Hector Obalk sur plusieurs épisodes de “Grand’Art” – un cycle de documentaires pour Arte.

Enfin, j’ai aussi créé ma propre marque de maroquinerie haut de gamme, ESTERA TAJBER * Paris.

Vous exprimez votre sensibilité et votre talent à travers une multiplicité d’arts: la peinture, la mode, des spectacles d’art vivant, des vidéos, etc. C’est très rare de savoir manier tous ces arts et cela bouscule les cases dans lesquelles on a l’habitude de les compartimenter. Comment naviguez-vous de l’un à l’autre?


John Cassavetes disait que « si l’on ne s’amuse pas, on crève », et je partage son avis, il faut sans cesse s’amuser, rechercher le plaisir et la légèreté. Pour cela, j’aime utiliser des supports artistiques variés. Cela n’est pas évident, car très exigent en réalité. Selon moi, « s’amuser » implique de s’exprimer tout en se réinventant, d’oser prendre des risques et surtout de rester curieux et ouvert. Il faut aussi rester soi-même et s’affranchir du regard des autres. Je me raconte des histoires que j’aime partager ensuite avec un public curieux et ouvert. Cette interaction me nourrit. J’ai une grande facilité à passer d’un outil d’expression à un autre (un jeu, encore). Par mon travail, j’ai plaisir à transmettre une forme de légèreté qui casse les cases habituelles et prévisibles. Mes actions, parfois déconcertantes, visent à éveiller des émotions humaines simples et légères que nous avons trop souvent oubliées. L’outil ne compte pas, c’est le message qui prime. D’où mes dernières performances #catchmeifyouwant #travelwithEstera

En tant qu’artiste, vous travaillez également pour des entreprises, en les accompagnant notamment dans leur stratégie de communication. Quelles sont les relations des entreprises avec l’art? Quelle est la place de l’art dans les entreprises?


Dans le contexte actuel, créer ne suffit plus, se vendre est un vrai art. J’ai donc décidé (et ai plaisir à) d’accompagner mes clients pour réinventer leur image et leur communication. Aujourd’hui, tout va très vite et nous ne prenons pas le temps de nous poser les questions essentielles. C’est pour cela que selon moi le monde ne tourne pas toujours rond, les valeurs de base se sont recouvertes de poussière. Ce travail d’accompagnement en communication permet d’insérer de l’art dans l’entreprise, ce qui est mutuellement enrichissant.

Les entreprises ne sont pas les seules à se tourner vers les arts, les collectivités y sont également de plus en plus sensibles. Quelle place l’art contemporain pourrait-il avoir au sein de nos territoires (villes, régions, etc.)?


Mon objectif est de toucher un large spectre de spectateurs, tout en faisant sortir l’art des cadres et des lieux conventionnels. En France, l’art est très (trop) parisien et élitiste selon moi. Ces frontières doivent être cassées et les différents univers rapprochés ! Je souhaite aussi que l’art devienne publicitaire et prenne un aspect éducatif. Je m’adresse à la part de légèreté et de poésie présente en chacun d’entre nous, des villes aux campagnes, des lieux conventionnels de l’art à ceux imprévus. C’est beaucoup plus généreux, drôle et mutuellement enrichissant.

Vous avez participé dernièrement à l’exposition « L’écho du silence », à travers une performance artistique. Pourriez-vous nous en dire plus?


Dans ma récente performance, j’ai présenté des extraits choisis de l’ouvrage « Tous Centaures, éloge de l’hybridation » de Gabrielle Halpern qui m’a inspirée dans ma démarche. J’aime ces questionnements sur la réalité qui ne nous suffit plus, sur l’hybridation des cultures, des objets, des mondes, l’histoire du Centaure, de Kronos qui a mangé ses enfants par peur de l’imprévisible, des cases qui nous donnent l’illusion de nous protéger. Ses explications et descriptions percutantes de notre société m’ont inspirée et j’ai souhaité les partager avec une lecture / mise en scène originale et interactive avec le public. Cette performance dans le cadre de l’exposition « L’écho du silence » était une première ; maintenant j’aimerais l’approfondir et la poursuivre en intervenant dans des lieux hybrides, des expositions, des conférences, des lieux de travail ou autres. J’aimerais donner à cette performance une chance d’exister différemment, non comme objet décoratif, mais comme un acte éducatif et informatif, un moment de questionnement poétique dans notre quotidien. Je vous invite à vous embarquer à mes côtés dans cette aventure !

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